Vert comme l'éternité
Vous avez jusqu'au 10 juin prochain pour visiter cette exposition de petite taille, certes, mais rassemblant des oeuvres vraiment hors du commun.
En quelques mots, la civilisation maya est l'une des plus anciennes civilisations précolombiennes puisque les premières constructions datent du 3ème millénaire avant J.C. Elle couvrait le Sud Est du Mexique, le Belize, le Guatemala et une partie du Honduras et du Salvador.
L'exposition de la Pinacothèque est consacrée aux trousseaux funéraires des grands dignitaires mayas. La vocation des masques, qui représentaient le défunt, était d'assurer sa métamorphose en dieu du Maïs, dieu à l'origine de la création du monde maya. Par ailleurs, de petits masques représentant d'autres divinités mayas accompagnaient le mort dans son voyage vers l'au delà.
Le masque était un véritable portrait du défunt censé renfermer l'essence
même de l'individu. Ainsi, les déformations volontaires du visage, qui étaient l'apanage des dignitaires mayas (allongement du crâne et de l'arête nasale, asymétrie faciale), étaient
fidèlement reproduites.
Les masques funéraires étaient traditionnellement réalisés selon la
technique de la mosaïque : des morceaux de pierres vertes, blanches (coquillages) et noires (obsidienne, hématite spéculaire) étaient habilement juxtaposés sur une matrice de
résine.
Le jade mais aussi plus généralement toutes les pierres de couleur verte (comme la chrysoprase par exemple) symbolisaient la fertilité, le ciel et l'eau. C'était donc un garant de la renaissance du défunt et il revêtait une grande valeur aux yeux des Mayas, autant si ce n'est plus que l'or.
Ces pierres vertes servaient également à créer de somptueuses parures (bracelets, bagues, boucles d'oreilles, pectoraux) mais aussi des perles brodées sur les vêtements. Outre leur fonction esthétique, ces parures avaient une véritable valeur rituelle : ainsi, le nombre de rangs de perles symbolisait la divinité à laquelle se référait le bijou.
Vers l'an 900 après J.C., on assiste à un effondrement des cités-Etats mayas. Les causes en sont encore assez obscures : guerres, famines provoquées par une grande vague de sécheresse... en tout état de cause, il semble que les paysans travaillant à nourrir les aristocrates et dignitaires n'aient plus été assez nombreux pour soutenir l'organisation sociale maya. Les populations quittent les villes, qui seront retrouvées intactes et ensevelies sous la végétation des siècles plus tard.
Les fabuleux trousseaux funéraires seront progressivement exhumés par les archéologues à partir des années 50. Le jade aura finalement bien joué son rôle de vecteur vers l'éternité : les princes mayas vivent pour toujours, entourés de leurs biens les plus précieux, leurs yeux grands ouverts vers l'au delà.
Exposition "Masques de jade mayas"
Pinacothèque de Paris jusqu'au 10 juin 2012
28, place de la Madeleine - 75 008 Paris
L'Iris Noir www.irisnoir.fr |