Une ode à la lumière et à l'impermanence
Un après-midi pluvieux, pas envie de toucher à mes outils... Je cours au Musée Maillol pour visiter l'exposition consacrée au verre de Murano, de la Renaissance à nos jours.
Sans doute parce que Venise était au carrefour entre l'Orient et l'Occident, ville flottant sur l'eau au regard toujours tourné vers l'ailleurs, baignant d'une lumière à part... l'île de Murano a ainsi accueilli une industrie du verre très vite florissante, aux mains de quelques grandes familles de verriers comme les Barovier.
Si le verre existe depuis l'Antiquité, c'est vers 1450 qu'est inventée la technique à la chaux de soude qui permet la transparence absolue connue sous le nom de "cristallo".
Les grandes familles d'Europe deviendront les commanditaires naturels de cette industrie du luxe, qui les fournit en objets décoratifs (coupes, vases, verres, lustres...) d'exception.
Les possibilités du verre sont infinies : il peut être gravé à la pointe de diamant, prendre l'aspect de pierres semi-précieuses (malachite, lapis, calcédoine...) ou de porcelaine, peint à l'émail, coloré dans la masse, orné de filigranes...
Soufflé à la bouche, il adopte des formes graciles ou excentriques, de l'extrême épure au rococo le plus assumé.
Aujourd'hui encore, il inspire les artistes du monde entier qui viennent l'expérimenter auprès des maîtres verriers vénitiens : la salle du rez de chaussée du Musée Maillol est ainsi consacrée à quelques réalisations contemporaines de toute beauté. Si la réalisation d'Othoniel ne m'a pas particulièrement convaincue, je suis restée en admiration devant les miroirs vanités d'Orlan et de Fred Wilson, ou encore la toile d'araignée de Mona Hatoum.
Voilà, vous avez jusqu'au 28 juillet pour aller au Musée Maillol vous en mettre plein les mirettes. Evitez les débuts d'après-midi envahis par les mamies en foulard Hermès...
Musée Maillol 61 rue de Grenelle - 75 007 Paris Métro "Rue du Bac"
L'Iris Noir |